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Parcours inspirant N°7

Adèle Geslin, la diet' à bicyclette

18 septembre 2020

On connaissait déjà Adèle à travers son compte instagram "La diet à bicyclette" (qu'on vous recommande chaudement) et on a eu envie d'en savoir plus sur le parcours de cette diététicienne Nantaise qui invite ses patients à réfléchir autour de l'acceptation de soi, du retour à une alimentation qui a du sens, et qui soit, avant tout, source de plaisir.

Une rencontre très inspirante, un grand merci à Adèle pour ce partage !

1. Comment est venue l'envie d'exercer ce métier ?

Ma sensibilité vis à vis ce métier me ramène à l'école primaire, donc déjà tôt. J’ai commencé à observer le comportement de mes proches et de mes camarades face au corps, aux représentations de la beauté, de l’alimentation et des injonctions.

En CE2 j’ai pu constater qu’il y avait une pression autour du poids et du paraître, forte et difficile au quotidien. En grandissant j’ai observé que chez mes copines (surtout mais chez certains copains aussi) cette pression n’avait fait qu’empirer. Des copines au régime, d’autres avec des comportements alimentaires violents. Le corps était devenu un problème à résoudre. La solution utilisée était : le contrôle. Nos mères se trouvaient trop grosses et nous aussi. (ou trop plates, maigres ou trop ceci et pas assez cela)

Le mal-être se ressentait chez beaucoup de mes proches. Je découvrais que peu d’entre eux étaient vraiment satisfaits de leur enveloppe corporelle. Ça parlait régimes à tout va. J’ai expérimenté ce contrôle moi aussi, non sans souffrance. C’est donc d’abord cet aspect qui m’a interpellée.

Je voulais comprendre et aider les gens que j’aimais à être plus doux envers eux même car comme j’avais pu le ressentir: c’était douloureux et chronophage de ne pas s’aimer. Les années ont passé et est venue l’heure de choisir des études et un métier: plusieurs pistes me tentaient : sage femme, psychologue, ou diététicienne

Après le bac j’ai d’abord fait médecine pour devenir sage-femme, métier que j’admire toujours complètement. Mais pendant cette première année les cours autour de la nutrition, des pathologies métaboliques m’ont vraiment plu. Je me suis naturellement réorientée vers un BTS diététique. Après avoir obtenu mon diplôme il me manquait toute la dimension psycho-comportementale.

Soit, j’en avais appris beaucoup sur la nutrition, le fonctionnement de l’organisme, sur le corps et ses pathologies, sur la cuisine mais cela n’était pas suffisant, trop limitant. Je ne me voyais pas appliquer des protocoles de alimentaires. (non, non, non !)

J’ai donc cherché des formations pour me conforter dans le fait que l’on pouvait accompagner les patients de manière bienveillante, autonome, adaptée… Je me suis donc formée à l’aspect psy de l’alimentation selon l’ ACT : La thérapie d'acceptation et d'engagement (ACT) qui est une approche comportementale de 3ème génération qui vise à développer la flexibilité psychologique et comportementale. Ainsi que la pleine conscience, l’intelligence émotionnelle, l’auto-hypnose….

Cette nouvelle vague diététique a été un vrai souffle pour moi. Equipée de nouveaux outils et rassurée dans ma démarche diététique, j’exerce avec passion, mon métier en libéral depuis 5 ans.

Maman depuis 1 an, cela a réenclenché en moi cette envie d’accompagner les femmes pendant la maternité (avant, pendant, après) et d’également de me former à la diététique pédiatrique. (Formation et stage en unité pédiatrique). Diététicienne est un métier passionnant ou plus on apprend moins on a l’impression d’en savoir. Vivement la suite !

- Diététicienne est un métier passionnant ou plus on apprend moins on a l’impression d’en savoir.

2. Peux-tu nous expliquer le concept de la Diet à bicyclette ?

Le concept de « la diet’ à bicyclette » a commencé à germer dans ma tête lorsque je vivais à Amsterdam. Je suis partie une année au Pays Bas travailler entre autre à l’école française d’Amsterdam où je menais des ateliers sur l’alimentation. Je suis définitivement tombée amoureuse du vélo.

En rentrant en France j’ai adhéré au collectif d’abord Nantais et maintenant National : Les Boites à Vélo, une association qui regroupe des professionnels à vélo (artisans, services, culture, restauration, livreurs).

J’ai donc cherché à allier le coté éco-responsable, la communication autour de mon activité, et mes nouveaux bagages en psycho-comportementale.

Je voulais « démédicaliser » et dédiaboliser la diététique car bien que ce soit une discipline encore jeune, elle peine à se renouveler et à sortir des clichés de restriction. Proposer autre chose que le cabinet, la pesée, la relation soignant/soigné, chacun de son côté du bureau.

Cela m’a permis de changer mon positionnement de praticienne, c’est ce que je recherchais aussi. Je ne voulais pas travailler avec des plans alimentaires et des protocoles déjà prévus. Je n’avais besoin que d’une écoute active, de converser. Travailler « sans filet » m’oblige et me permet de ne pas tomber dans la « facilité ».

3. Pourquoi avoir choisi de développer plutôt des consultations à domicile ? Quels avantages y vois-tu ?

Tout d’abord pour des raisons de charges. Pas de cabinet à gérer et comme je me déplace à vélo pas de frais d’essence et de transport. Ensuite j’y vois un vrai plus dans mes consultations. Les gens sont en confiance chez eux, ils m’accueillent. On parle souvent de voir les gens dans leur globalité. En rentrant chez eux on capte déjà quelques bribes de vie.

Je consulte également régulièrement dans des lieux sympathiques, jolis cafés nantais et parcs. Là encore c’est pratique pour les patients et les cadres sont agréables. Le contenu quant à lui reste le même. J’ai fait le choix de consulter en cabinet 2 jours par semaines car malgré tout quand la patientèle augmente, pouvoir accueillir dans son cabinet sans trajet à vélo est quand même bien pratique.

- On parle souvent de voir les gens dans leur globalité. En rentrant chez eux on capte déjà quelques bribes de vie.

4. Tu parles régulièrement d'écologie sur ton compte instagram, est-ce que c'est un sujet que tu abordes avec tes patients ?

J’ai personnellement cette sensibilité au manger local, bio, de saison, en vrac et éthique. C’est une démarche qui ME semble importante. J’essaye personnellement de mettre des choses en place dans mon quotidien mais c’est loin d’être parfait, surtout depuis que je suis maman.

Si les personnes sont intéressées je peux les accompagner dans leurs transitions de consommation de façon concrète. A Nantes je connais les commerçants inscris dans cette démarche.

La plus part du temps, lors des consultations, si la notion d’écologie est abordée c’est davantage comme une valeur importante pour la personne. Au même titre que la convivialité, prendre soin de soi, réapprendre à se faire plaisir…

5. Tu utilises MonSuiviDiet depuis quelques mois, peux-tu nous en dire plus ? Quel est le profil des patients qui l'utilisent ?

MonSuiviDiet a été une jolie découverte. Avant cette application certains de mes patients m’envoyaient leur repas en photo ou tenaient des journaux alimentaires sur what’s app par exemple. Mon téléphone était inondé de photos de nourriture.

Depuis tout est centralisé et tellement plus complet pour moi et mes patients.

Pour eux cela permet de porter la focale sur des points abordés lors des consultations (faim , émotions, sensations, contexte journaliers…) , pour moi d’en savoir plus sur chaque patient et de pouvoir aborder des situations très concrètes de son quotidien. Je ne la propose pas à tout le monde mais pour une partie de mes patients c’est un vrai atout.

Pour certaines prises en charge c’est devenu indispensable, je pense par exemple à des patients sous régime sans FODMAP, aux personnes qui ont besoin de se sentir épaulées pour avancer, aux TCA …

Pour en savoir sur ce que propose Adèle, vous pouvez consulter son site internet.