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Se passer de calcul de rations et plans alimentaires: est-ce possible ?

29 juillet 2022

Aujourd’hui on observe un grand clivage entre celles et ceux qui remettent des plans alimentaires chiffres ou détaillés aux patients et ceux qui se revendiquent ‘’anti-régime’’.

C’est le choix de Marion Bodin et Élise Bricoult, toutes deux diététiciennes, pour elles ne plus faire de plan alimentaire permet d’adopter une approche plus créative et d'impliquer beaucoup plus le patient.  

Toutefois par de panique ! Tout ce que vous avez pu apprendre durant votre cursus du BTS diététique sur les calculs des rations n’est pas à mettre aux oubliettes ! C’est le sujet qu’elles abordent durant ce podcast.  

Les rations c’est ce que l’on apprend à faire à l’école et lors de l’installation en libéral, c’est la première approche qu’on va adopter, pour autant, on commence à comprendre que pour perdre du poids imposer un régime hypocalorique ou un cadre trop rigide, participe à entraîner des frustrations et donc très souvent des compulsions. 

C’est pourtant difficile de sortir de cette logique qu’on nous a enseigné à l’école, et toutefois selon Élise cela reste une étape obligatoire ‘’ Apprendre à calculer une ration et ces valorisations nutritionnelles durant nos études est un passage obligé, et c’est qu’une fois bien maîtrisé qu’on pourra développer nos compétences, afin de repérer les erreurs de nos patients sans devoir passer par l’étape des calculs.'’ 

La question est donc, si ne donne pas de ration à mon patient, que puis-je lui apporter ?  

Attention ! Durant ce podcast Élise et Marion nous parlent UNIQUEMENT de cas de figure de perte de poids et non de prise en charge pédiatrique, pathologique.  

C’est au fil de leurs expériences professionnelles respectives, que Marion et Élise ont pris conscience de l’importance de prendre en charge le patient dans son intégralité, et non juste de manière chiffrée.  

Pour Marion, son déclic dans une prise en charge sans calculs, ni rations fut lors du démarrage de son activité au sein d’un service de médecine préventive à l’université.  

Elle rencontrait des étudiants qui voulaient perdre du poids, ou améliorer leur alimentation, avec des contraintes de budget et de matériel.  

Ainsi, les diététiciennes du service lui ont permis de comprendre l’intérêt de questionner le patient sur son environnement, et tout ce qui pouvait influencer sa prise alimentaire pour ainsi avoir une vision plus générale, tout en incluant de la prévention. 

Tout cela lui a permis de repenser à l’image qu’elle avait de la consultation d’une diététicienne, de déconstruire les schémas appris durant son cursus scolaire, et comprendre l’importance de prendre en compte les personnes de façon individuelle avec leurs codes et leurs habitudes.  

Enfin, c’est lors de son D.U spécialisé dans les troubles du comportement alimentaire, corrélé à de nombreuses lectures, ainsi qu’après de nombreuses consultations que Marion fut intimement persuadée des biens fondés d’une alimentation consciente et à l’écoute de soi. 

Pour Élise, durant ses études elle a utilisé Nutrilog, un outil digital de calcul diététique, puis lors de ses stages elle était amenée à faire des anamnèses alimentaires en 30 minutes.  

Au fil des années, de ses échanges et de ses lectures, elle comprit qu’il n’est pas nécessaire de focaliser sur le plan alimentaire, avant ce constat Élise fournissait au patient des exemples de journées avec grammage, ou des équivalences. Aujourd’hui elle chercher à attirer l’attention sur autre chose.  

Aujourd’hui elle travaille avec ce qu’elle appelle un "dossier diététique", qui comprend une journée alimentaire, et un travail sur la motivation, les difficultés, elle effectue aussi un questionnaire pour se détacher des chiffres.  

Toutefois, certains patients peuvent maintenir l’envie d’avoir un cadre et des données chiffrées.  

C’est possible au démarrage de fournir ce cadre précis en établissant un plan alimentaire ensemble, avec des repères portions, et des fréquences de consommation.  

Il ne faut pas hésiter à expliquer au patient comment fonctionne notre corps, comment il utilise l’énergie, et parler du métabolisme ainsi que de ce qui peut l’influencer et comment sont utilisés les aliments.  

Les patients arrivent avec l’idée que pour perdre du poids il faut réduire leurs apports et le nombre de calories sur la journée et c’est intéressant d’apporter de la nuance et comment notre corps utilise ces calories là. 

Ne pas parler du poids permet aussi :  

o D’orienter le suivi sur la motivation et la recherche de motivation.

o Donner du sens à la prise en charge

o Se détacher de l’objectif de poids pour trouver d’autres objectifs, qui vont nourrir la motivation.

o Chercher les ressources du patients ou ses freins pour créer un environnement favorable à la motivation afin de le rendre autonome.

o Parler de la qualité de l’alimentation plutôt que de quantités 

Enfin il est aussi possible de proposer :  

o Un carnet alimentaire qu’on peut soumettre à son patient, pour l’inviter à observer ce qu’il se passe entre les consultations. 

o Fixer des objectifs, et fixer des actions positives

 

Découvrez l'intégralité du podcast sur la chaine youtube "ENTRE 2 PATIENTS":