Nous poursuivons nos portraits de diététicien.ne.s avec Florian Saffer, diététicien mais aussi thérapeute comportementaliste et Ingénieur en pédagogie. Florian nous en apprend plus sur son parcours professionnel et la naissance de son Centre de Formation Diététique et Comportement.
Il nous parle aussi de son rapport aux réseaux sociaux et de son utilisation de MonSuiviDiet avec des patients souffrant de TCA ou de syndrome de l'intestin irritable.
Un grand merci à lui.
Peux-tu nous en dire plus sur ton parcours professionnel ?
Je suis diététicien depuis 2001. J'ai suivi par la suite une licence en alimentation qui m'a permis de travailler comme formateur au laboratoire vétérinaire départementale de l'Isère. A Cette époque mon travail était très éloigné de ce que je fais aujourd'hui. Mais se fut pour moi une première opportunité de travailler dans le domaine passionnant de la formation. En 2005, j'ai décidé de revenir à ma vocation première : l'accompagnement de patient. C'est à cette période que j'ai commencé à me passionner pour la psychologie comportementale. Je me suis alors formé à diverses approches (psychologie humaniste, hypnose, thérapie comportementale, pleine conscience...). A la fin des années 2000, alors que je terminais mon DU en thérapie comportementale et cognitive, j'ai fais la connaissance du professeur Jean Valty, cardiologue, père de la médecine comportementale en France. Avec l'aide de Jean, j'ai conceptualisé ce qui est devenu la diététique comportementale. Pendant toutes ces années consacrées à l'expérimentation clinique et à la conceptualisation d'outils de soin, j'ai conservé en parallèle une casquette de pédagogue en intervenant dans plusieurs formations (BTS diététique, licence et master hostellerie...) soit en tant qu'enseignant soit comme coordinateur pédagogique. En 2013, j'ai décidé de partager mes expérimentations en créant mon organisme de formation : le Centre de Formation Diététique et Comportement. Ce centre de formation vise à proposer des formations innovantes en lien avec les conduites alimentaires. Nous sommes aujourd'hui 18 formateurs et nos thèmes de formations sont relativement variés : ETP, hypnose et psychonutrition, approche comportementale... Cette passion pour la formation m'a amené à suivre un master spécialisé en pédagogie et didactique professionnelle. En parallèle de cette casquette de responsable formation je conserve une activité clinique qui me sert de laboratoire et qui me permet de continuer à expérimenter différents outils.
Comment est venue cette envie de développer des formations pour les professionnels de santé et les diététiciens en particulier ?
A la fin des années 2000 ma façon de travailler était peu rependue, voir marginale. Beaucoup de collègues portaient un regard curieux sur mon travail et me sollicitaient régulièrement pour que je leur parle davantage de mon approche. C'est alors que j'ai commencé à monter les premières formations portant sur l'entretien motivationnel ou l'approche ACT. Je me suis alors rendu compte de plusieurs choses :
- transmettre et partager me rendaient profondément heureux et donnaient beaucoup de sens à ma vie - les diététiciens, confrontés aux limites de leur formation initiale, étaient très demandeur de ce type d'action de formation
Ces deux éléments ont fait que je me suis lancé corps et âme dans le développement du CFDC.
Passionné par l'innovation et connaissant très bien les attentes de "terrain" de mes collègues, je suis aujourd'hui animé par le fait d'aider les diététiciens à gagner en expertise : technique, relationnelle,...
- Transmettre et partager me rendaient profondément heureux et donnaient beaucoup de sens à ma vie
Comment organises-tu ta double activité ? Qu’est-ce que tu préfères ?
Je suis un passionné. La pratique clinique me rend profondément heureux. Je travaille avec des patients en grande souffrance (30% de ma patientèle étant constituée de patient souffrant de TCA sévère) et leur apporter mon aide est quelque chose qui compte pour moi. Ma passion est la même pour la formation. Monter des dispositifs de formation, construire des outils, animer... m'amuse beaucoup et je n'ai jamais vraiment l'impression d'être au travail. Bien que mes semaines soient très remplies.
Cet équilibre entre mes deux activités est précieux.
Je suis également très bien entouré. Céline Morel, ma compagne qui est également diététicienne, m'apporte une aide décisive aussi bien au cabinet qu'au centre de formation qu'elle codirige avec moi.
Mon équipe de formateur est également formidable. Le CFDC c'est un peu une famille de passionnés. Beaucoup de mes formateurs sont des amis avec qui j'ai grand plaisir à collaborer. je fais d'ailleurs peu de différence entre ma vie professionnelle et personnelle. je crois que cela est l'une des caractéristiques des passionnés.
Tu utilises MonSuiviDiet depuis quelques mois, peux-tu nous en dire plus ? Quel est le profil des patients qui l'utilisent ?
J'accompagne plusieurs patients qui ont besoin de se sentir en lien avec moi. MonSuiviDiet permet de répondre à cette logique en facilitant les choses.
Pour les patients souffrant de TCA être en lien avec son diététicien est central. L'application permet de partager ses réussites mais également ses difficultés. Ce qui permet au professionnel de s'inscrire dans une dynamique d'accompagnement au quotidien (renforcer les comportements adaptés, aider le patient à prendre du recul, témoigner du soutien...).
L'application permet également de réaliser un "tracking" des prises alimentaires. Dans une dynamique centrée sur le corps, le patient peut ainsi faire des liens entre ses états internes (faim, émotions...) et ses prises alimentaires. Ce tracking permet au patient de se sentir plus conscient, plus attentif...ce qui est un processus clé du changement.
Enfin j'utilise beaucoup l'application pour l'accompagnement de patients souffrant de syndrome de l'intestin irritable. La réintroduction d'aliments peut tolérés (glucides fermentescibles) est une étape importante, l'application, en plus de favoriser le lien soignant-soigné, permet de centrer le tracking sur les signaux digestifs. L'exploration curieuse des réactions corporelles étant à la fois précieuse pour le patient qui va pouvoir mieux percevoir ses tolérances et pour le soignant qui pourra ainsi orienter plus finement ses conseils.
- L'application MonSuiviDiet permet de partager ses réussites mais également ses difficultés. Ce qui permet au professionnel de s'inscrire dans une dynamique d'accompagnement au quotidien (renforcer les comportements adaptés, aider le patient à prendre du recul, témoigner du soutien...).
Comment utilises-tu les réseaux sociaux ?
J'ai toujours adoré ce que les réseaux permettaient. En 2005, avec plusieurs amis (Sabine Pillement et Aurélie Beaudoin) nous avions créé le premier forum dédiés aux diététiciens. Se fut un magnifique lieu d'échange, de partage...Cette expérience collaborative et participative a même abouti à la création d'une association qui à l'époque a organisé plusieurs conférences. Lorsque facebook et twitter ont pris de l'ampleur les forums sont tombés en désuétude. Très rapidement j'ai investi ces réseaux. Les réseaux sociaux sont pour moi une belle opportunité de faire ce que j'adore le plus échanger sur ma profession. Ils me permettent également de faire connaitre mon travail, de communiquer sur mes activités de formateur, de lancer des réflexions ou des débats...J'anime notamment le groupe "diététique psycho-comportementale" auquel je consacre près de 3h par semaine.
Dans une époque où il est de bon ton de critiquer les nouvelles technologies, je les encense. Facebook, Linkedn, Twitter m'ont permis de faire des rencontres magnifiques.
- Dans une époque où il est de bon ton de critiquer les nouvelles technologies, je les encense. Facebook, Linkedn, Twitter m'ont permis de faire des rencontres magnifiques.